Hier a eu lieu un nouveau café numérique co-organisé par plusieurs institutions: le CAL (centre d’action laïque), Technofutur Tic, l’Eden (qui nous accueillait dans sa salle toujours en travaux) ainsi que, bien entendu, l’équipe du Café numérique Charleroi. Cette conférence sur les répercussions de l’immédiateté de l’information sur les métiers des médias avait lieu dans le cadre de la quinzaine de l’information (si j’ai bien entendu compris).
Les invités étaient tous deux responsables d’une équipe: Yves THIRAN, responsable des nouveaux médias à la RTBF et David FLAMENT, chef d’édition à la Nouvelle Gazette.
Tous deux nous ont parlé des répercussions qu’avait Internet sur leurs métiers, plus que de l’immédiateté de l’information qui a toujours existé: déjà en 1989, c’était la course à qui donnera l’information en premier. Mais cette course, expliquent-ils, ne remet nullement en cause le travail sur la qualité: David Flament explique qu’une sortie des pompiers inhabituelle en direction d’un endroit qui serait à risque doit être renseignée comme alerte et non comme information. Les détails arrivent par après et tant pis si cela se termine en une demi-heure. Au moins, ceux qui sont intéressés par l’information l’auront reçue. De plus, comme il le rappelle, la Nouvelle Gazette est un média régional et local, il est donc normal de relayer ce type de communication.
En réalité, Internet force les journalistes à changer leurs habitudes: si quelque chose est erroné, on sait dès lors modifier rapidement l’information (il fallait attendre un jour ou quelques heures avant) en quelques minutes. L’agence Belga elle-même envoie rapidement des correctifs, M. Thiran indiquant que la fameuse information de M. Martin libre en août lancée par Belga alors que la Cour de Cassation venait à peine d’entrer a été requalifiée d’avis de l’avocat général en 12 minutes à peine.
La fusillade de Liège en décembre 2011 est un cas typique de l’immédiateté de l’information: les réseaux sociaux se mettent rapidement en marche: en moins d’une demi-heure, Twitter comportait une série d’informations, vraies et fausses (les gens sur place sont aussi sous le choc), alors que les policiers n’avaient pas plus d’informations et que les journalistes tentaient d’en savoir plus. Aussi, face à ce fil d’informations qui arrivent, que doit faire le journaliste? Ne rien dire ou donner l’information mais de manière à montrer au public que cela ne soit pas sûr?
Il y a aussi la question de l’article au clic: cette économie mine le journalisme car on peut très bien mettre un titre accrocheur pour le démentir dans le corps de l’article mais tant qu’il y a des vues, cela fait grimper l’argent dans l’escarcelle de l’éditeur (pratique courant aux USA: des « bloggeurs » sont payés peu pour faire des articles sensationnalistes pour rapporter de l’argent et cela peut se faire au final au détriment de la qualité).
Il y a encore bien d’autres choses qui se sont dites mais celles que je rapporte sont celles qui m’ont marquées. Je ne parlerai pas du débat: certaines personnes semblaient oublier un point essentiel: la conférence portait sur le métier, pas sur les réactions de la société et que critiquer les journalistes, oui, mais alors qu’on ne leur reproche pas de fournir une information susceptible de déchaîner les passions ou de donner une alerte qui peut-être sera inutile en fin de compte mais qui intéressera ceux qui se sentent concernés.