0

«Plaisir d’apprendre et d’enseigner avec le numérique» Ludovia 2012 :CR/Opinion

Print Friendly, PDF & Email

[ A+ ] /[ A- ]

Je ne suis pas enseignante. Je n’ai donc pas cette vocation de transmettre via l’école les connaissances et d’apprendre à des enfants/adolescents une discipline. Par contre, j’adore partager ce que je connais ou ce que j’ai compris, surtout en programmation, j’adore aider les gens, même en mathématiques, discipline que je déteste – et pourtant, on me dit que je suis plus matheuse que littéraire. Je me définis comme n’étant pas logique dans la vie de tous les jours et pourtant, il semble que je sois logique. En bref, ce qui suit est plutôt une opinion – qui ne veut pas choquer les professeurs – qu’un résumé. Et je la base aussi sur mon ressenti et mon expérience (de gameuse avertie). Et puis, l’enseignement, ce n’est pas un domaine qui m’est inconnu : je suis fille d’enseignante.

Ce qui m’interpelle d’abord dans le début de cette conférence, c’est le nombre d’heures potentielles durant lesquelles les jeunes sont confrontés aux médias. Je me rends compte que moi, adulte étant sortie du cycle scolaire (y compris universitaire) depuis 5 ans, je suis bien plus confrontée à Internet (en même temps, c’est compris dans mon job) et je passe bien plus de six heures sur les jeux vidéo (bien entendu, surtout quand je ne travaille pas).

Mais je me rends compte aussi que dans le passé, je surfais moins sur le net (il faut dire aussi que le net en 1995/96, ce n’était pas ce qu’il est aujourd’hui), que les connexions étaient lentes, que téléphoner coupait l’accès et surtout, que je m’étais imposée d’aller sur la toile une fois toutes les trois semaines. Mon temps sur les jeux vidéo était aussi moins important car difficile d’accès en ligne.

En bref, mon parcours scolaire était moins exposé aux médias que maintenant mais contrairement aux jeunes d’aujourd’hui, j’ai vécu le début de l’Internet dans l’école et l’utilisation progressive des nouvelles technologies pour les devoirs, les exposés, etc.. A l’époque, nous n’avions pas Wikipedia mais Encarta. Et j’ai aussi connu l’émergence des GSM à l’intérieur de l’école, à l’époque du Nokia 3210/3310, à l’université, cela a été les MMS et les téléphones portables avec appareil photo, etc..

En définitive, le jeune de maintenant a accès à beaucoup plus de ressources et de médias que moi à l’époque mais l’éducation aux médias reste à se faire : car si nous, à l’époque, on avait tendance (et on a toujours tendance) à croire ce qui se dit à la TV, les jeunes aujourd’hui ont aussi, tout comme les adultes, tendance à croire ce qui est écrit sur Internet.

Ensuite, la conférence a dévié sur le plaisir (c’était le thème aussi) qui aide à l’apprentissage. Il me semble normal que lorsque quelque chose nous a plu, nous avons tendance à mieux le retenir. Ce n’est pas pour rien que l’enseignement primaire propose de faire des expériences (dans les sciences principalement) : il y a déjà le plaisir quelque part de faire autre chose que de rester et de copier ce qui est mis sur le tableau et aussi de manipuler par soi-même. On en revient donc à ces notions d’assimilation et d’accommodation. Car si on arrive à faire une expérience par soi-même, c’est quelque part un succès, un « achievement » dans le jargon anglais du jeu vidéo, et donc, source de satisfaction, de fierté et l’état d’esprit fait que la plupart du temps, on retient.

L’élève actuel n’a pas le recul nécessaire par rapport aux nouvelles technologies et à Internet, moi, j’en ai car je ne suis pas née dedans (quoique…) et je n’ai pas été versée dans mon enfance dans ce domaine (par contre, les NES et autres Game Boy oui). J’ai donc acquis un certain recul, même dans les jeux vidéo qui, je le rappelle, à l’époque, étaient peu réalistes dans le graphisme (c’était la 2D principalement, j’ai aussi connu le passage 2D/3D avec des décors très anguleux comme Tomb Raider ou Half-Life). Apprendre à l’élève d’avoir du recul ou tout simplement l’amener à se rendre compte qu’il doit exercer son esprit critique et recouper les informations (c’est que l’on m’a appris et qui a été très utile à l’université) peut être gratifiant pour un enseignant. Maintenant, cela dépend des disciplines.

Ensuite, je dois avouer que j’ai moins accroché à ce que disait Serge Soudoplatoff, même s’il a raison d’indiquer qu’Internet, c’est aussi une communauté, c’est un moyen d’interagir avec d’autres et que la plupart des gens qui sont actifs dans une communauté en retirent du plaisir. Je peux imaginer la joie de mettre une info dans Wikipedia – j’ai tenté de le faire mais je ne sais pas pourquoi je n’y ai pas accroché, par contre, j’ai accroché au niveau de partager mes connaissances en jeux vidéo et surtout dans Team Fortress 2. Ce n’est pas pour rien que je suis admin sur un serveur de succès depuis 4 ans.

Mais j’ai surtout aimé l’histoire de « Doom  boum boum et les parents qui disent : ca y est c’est la guerre ». Car je suis une joueuse de FPS et ma première expérience dans ce domaine, c’était Doom II. J’aimerai juste ajouter que les parents actuels ne diront pas Doom mais Call of Duty, GTA, Battlefield, Medal of Honor ou encore Saint Rows.

On en arrive au mot Smart Play et l’ouverture du cerveau. Préparer le cerveau à recevoir la connaissance en s’amusant peut être une manière d’aider l’apprentissage. Maintenant, la question reste toujours en suspens.

Enfin, le mot « collaboratif » est lancé avec l’exemple du forum des enseignants du primaire. Il est vrai que le numérique appelle à plus de collaboration que de transmission hiérarchique de l’information. S’il faut voir le numérique comme un manuel scolaire, s’il faut réduire le numérique à cela, alors, cela ne sert à rien d’introduire les nouvelles technologies dans l’école. La collaboration, qu’elle soit entre collègues ou avec les élèves, doit être comprise dans le numérique. On en revient donc à cette notion de communauté. : les professeurs échangent et se donnent des idées mutuellement par exemple.

J’ai adoré l’intervention de Clément Martin et de l’analogie entre l’enseignement et le dinosaure : le dinosaure a été incapable de s’adapter à son environnement suite aux changements climatiques imposés par l’impact d’une météorite sur la terre et a donc disparu. Il faut donc que l’enseignement s’adapte à l’impact des nouvelles technologies dans la société sous peine d’être totalement en décalage avec les besoins de celle-ci. Mais pour que le système éducatif change, pour le troisième conférencier, il faut que cela vienne de la base : des enseignants et des étudiants. Et ce qui se dit dans le milieu des start-ups californiennes peut s’avérer vrai : il vaut mieux innover sans demander d’autorisation et ensuite dire pardon.

Ses exemples avec Google Docs et Twitter montrent que partager ses cours peut participer au plaisir d’apprendre. Cela me rappelle un épisode de Grey’s Anatomy que j’ai vu bien après sa diffusion (aux USA, février 2011, je l’ai vu en juin 2012 en DVD), l’un des docteurs demandait à un étudiant de tweeter pendant l’intervention : d’autres étudiants via ce média posaient des questions auxquelles le chirurgien répondait et lors d’une autre opération, lorsqu’il fallait trouver une solution pour sauver le patient, des suggestions ont été émises et des hôpitaux ont proposé leur aide. Bien sûr, cela reste Grey’s Anatomy, les réponses étaient écrites par des scénaristes, néanmoins, je ne peux pas m’empêcher de voir que cette idée n’est pas peut-être pas si fictive que cela et que cela peut apporter quelque chose. Pour ceux qui sont intéressés par l’épisode, c’est l’épisode 13 de la saison 7.

En fin de compte, l’apprentissage par coeur semble être une attitude insuffisante face au monde de maintenant.

Ensuite, S. Tisseron explique que la culture du livre doit être conservée, tout n’est pas à rejeter mais qu’il faut désormais aussi tenir compte de la culture numérique et de ses possibilités de collaboration. Pour lui, la tablette numérique ne doit pas être mis dans les mains dans un enfant tant qu’il n’a pas acquis certains repères : une tablette en maternelle serait peu exploitable.

D’après S. Soudoplatoff, la bonne innovation a comme point de départ la désobéissance car le système n’admet pas ce qui le remet en cause mais que ce qui primera, ce sont les usages. Pour lui, le jeu est intéressant dans le sens où le cerveau est concentré.

Enfin, on parle de la formation des (futurs) enseignants. Si effectivement, dans un premier temps, les usages doivent venir des professeurs déjà en place, il reste ensuite à former ceux qui leur succéderont. Pour S. Tisseron, cela doit commencer en primaire, il faut donc développer la faculté de passer d’une connaissance intuitive à une connaissance explicite (le tutorat est une façon de faire). Enfin, plus de machines ne veut pas dire que cela aidera. Le mieux est d’apprendre à collaborer, à travailler en réseau et à partager un ordinateur. Il vaut mieux un ordinateur pour plusieurs élèves qu’un ordinateur par élève (ce dernier concept est une contamination de la culture du livre).

Pour S. Soudoplatoff, il faut aussi enseigner aux enfants les usages du numérique : quand faut-il utiliser tel ou tel réseau  par exemple ?

Pour Cl. Martin, il faut aussi apprendre aux étudiants de faire une recherche efficace sur Google par exemple. Non seulement, il y a un gain de temps considérable mais les résultats seront la plupart du temps pertinents. Je tiens à mentionner le fait que Google lui-même a ce désir de former les internautes à une utilisation plus efficace et professionnelle de son moteur de rechercher : il s’agit du programme Power Searching with Google, en anglais, avec essentiellement des vidéos (mais vous trouverez les versions textes de chaque leçon). Vous pouvez suivre ces cours sur  http://www.powersearchingwithgoogle.com/course .

Si je devais conclure, la conférence était très intéressante, permettant d’éclaircir certains points pour l’enseignant (« Le plaisir dont nous parlons n’est pas de l’amusement » par exemple). Je constate que j’applique les idées présentées dans mon domaine de prédilection que sont les jeux vidéo, que j’ai toujours préféré le « terrain » aux longues paroles d’un professeur (surtout à l’université), etc..

Si vous désirez écouter par vous-même ce qui a été dit, voici l’URL : http://bambuser.com/v/2938587

 

Vous avez trouvé l'article intéressant? Partagez-le!

Vinciane

Conseillère pédagogique et développeuse PHP, passionnée de nouvelles technologies, de l'histoire (particulièrement l'Antiquité et la Second Guerre Mondiale) et des jeux vidéo, j'aime écrire, tester et partager.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

3 × 1 =