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#mooc resop: Analyse de cas – semaine 2

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[warning]CECI EST UNE REFLEXION PERSONNELLE ET NON UN EXEMPLE A PRENDRE EN COMPTE POUR LA REDACTION DE VOTRE ANALYSE DE CAS[/warning]

ReSOP AVATAR_ RS

Il se trouve que je suis peu à l’aise avec les analyses de cas. Et comme je ne suis pas originale, voici mon cas – inspiré de diverses affaires:

Situation

Un instituteur s’est retrouvé comme cible d’injures (et de “menaces de mort”) de la part des élèves qui ont 10-11 ans. Ils s’exprimaient ainsi dans leur Facebook, qui, pour rappel, est interdit aux moins de 13 ans. Ce sont les parents qui ont remarqué les commentaires et ayant pris peur, ont demandé ou ont effacé ceux-ci. L’élève sur qui la responsabilité a failli être attribuée a expliqué qu’il a voulu faire comme les autres et que ses camarades lui avaient mis la pression pour ça. Selon les parents qui ont osé en parler aux autres instituteurs et institutrices, il y avait aussi une photo de l’enseignant détournée par les élèves. Celui-ci n’était pourtant pas sur Facebook ou sur un autre réseau social. Les parents ont certainement pensé que tout était réglé car les commentaires avaient disparu et les profils de leurs enfants, au départ publics, ont été mis en privés. Néanmoins, l’enseignant a été en état de choc.

Quelles questions cette situation pose-t-elle?

En matière juridique, avec la disparition des commentaires et le passage en profil “privé”, il devient dès lors dur de prouver qu’il y a eu calomnie. Ce que les parents ont certainement oublié, c’est que Facebook fonctionne aussi avec une base de données derrière et comme il y a certainement des back-ups réguliers, ce qu’ils avaient effacé existait encore quelque part.

Mais le problème reste que l’instituteur a quand même reçu un choc et qu’il a fallu continuer l’année avec ces élèves. Dès lors, que pouvait-il faire? Pouvait-il porter plainte alors qu’il n’a pas vu les commentaires et qu’aucune preuve (comme une capture d’écran) n’existait? Mais mis à part les parents et les élèves qui en ont parlé, quel poids aurait la parole des enseignants qui ont justement été l’oreille de ces personnes-là?

Facebook a également mis en place un système de dénonciation de profils d’enfants. L’école (j’entends par là la direction ou les enseignants) aurait-elle dû utiliser cet outil après cela? Ou comme la présence des enfants était connue, aurait-elle dû le faire avant? Au niveau du droit, est-ce qu’il y aurait eu des conséquences?

Est-ce que la justice aurait pu faire quelque chose? Si oui, les parents sont-ils responsables des paroles de leurs enfants dans un cas pareil?

Quelles sont les réponses que je peux apporter et quelles nouvelles questions engendrent-elles?

Mes réponses sont simples: on sait que dans le monde du travail, quiconque injurie son patron peut être licencié, même si votre profil est “privé”. Il y a des décisions de justice qui vont en ce sens, surtout dans le monde anglo-saxon. Chez nous, il y aurait matière à discussion entre espace privé et espace public. Mais il reste néanmoins que si les profils étaient publics à la base, cela entre dans le cadre d’un espace public. Il y a donc une possibilité d’un recours juridique. Le fait qu’ils aient été “privés” après les injures pose ici un problème: doit-on considérer ces insultes comme dans un espace public ou bien dans un espace privé?

De plus, l’enseignant (ni le reste de l’équipe et la direction) n’a pas vu lui-même les propos calomnieux et les menaces. Il n’existait aucune preuve directe (comme une capture d’écran) si ce n’est dans des back-ups éventuels de Facebook et encore, fallait-il aussi trouver un moyen légal d’obtenir les données demandées. Difficile dans ces conditions de porter plainte même avec preuves à l’appui…

En ce qui concerne un mineur, à quelques exceptions, les parents sont reconnus comme les responsables (vu l’âge des élèves, nul doute qu’ils le sont). Par conséquent, si effectivement il devait y avoir réparations, ce seront à eux de débourser. Mais est-ce que cette responsabilité s’étend aussi dans le domaine des nouvelles technologie. Eux-mêmes, ont-ils encouragé leurs enfants à mentir sur leur âge (certains y sont avec la bénédiction des parents!) ou bien ont-ils aussi été trompés par ceux-ci? Dans l’absolu, il n’y a aucune distinction entre parents dupés et au courant. Mais dès lors que ceux-ci encouragent cette pratique, y aurait-il là un mépris du danger pour un enfant d’être sur Internet?

En ce qui concerne l’école même, il faut voir s’il y a violation ou pas du réglement d’ordre intérieur et encore, ici, nous sommes dans le primaire: comment gérer dès lors cette situation quand Facebook est clairement interdit aux moins de 13 ans? Devait-elle réagir avant? Si je comprends que certains enseignants, n’étant pas inscrits sur les réseaux sociaux, ne pouvaient pas réagir puisqu’ils ignoraient la présence de leurs élèves sur ceux-ci, ceux qui en avaient connaissance – il faudrait voir si certains étaient amis ou pas avec leurs propres écoliers, auraient-ils dû dénoncer ces profils? La direction elle-même aurait-elle dû intervenir? On voit dans certains cas des élèves exclus de leurs écoles pour un comportement similaire:

En bref, je n’ai pas de solution à proposer si ce n’est “éduquer” les élèves pour une utilisation plus pertinente, plus sécurisée et plus efficace de Facebook et les autres médias sociaux, de prévenir les parents des conséquences que cela peut avoir au plan juridique ainsi que leur rappeler certaines règles de Facebook (et des réseaux sociaux en général) et la netiquette et de former les enseignants à comment réagir face à une telle situation et de les informer de leurs droits et des actions possibles.

Résultat de l’analyse proprement dite

On se rend compte que le monde de l’enseignement est désarmé face aux nouvelles technologies et que la connaissance de certains droits est mineure, que les parents autorisant les enfants à aller sur Facebook ne leur transmettent pas certains principes ou éléments et que surtout, ils se bercent dans l’illusion qu’ils savent utiliser correctement Internet et les réseaux sociaux alors que non.

En bref, au-delà des questions de droit, il y a un réel problème de non-information ou de mauvaises informations.


Je ne demande pas à avoir une réponse à mes questions. Mais j’espère simplement que certaines d’entre elles font écho aux vôtres et initieront une certaine réflexion de votre côté.


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Vinciane

Conseillère pédagogique et développeuse PHP, passionnée de nouvelles technologies, de l'histoire (particulièrement l'Antiquité et la Second Guerre Mondiale) et des jeux vidéo, j'aime écrire, tester et partager.

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